Escapade gourmande dans la vallée de Munster
A tout juste une heure de route de Strasbourg nous attend un dépaysement total dans la vallée de Munster, l’une des plus belles d’Alsace. Après avoir quitté l’autoroute à la hauteur de Colmar nous gagnons la campagne et ses paysages vallonnés, nous traversons les premiers villages sur la colline qui rappellent les vertes vallées suisses et nous arrêtons à Metzeral.
Au pied des Vosges, sur une colline qui domine le village se dresse l’Eglise de l’Emm (d’Emma, la nièce de Charlemagne qui d’après la chanson de Roland avait l’habitude de chasser dans cette zone). En grès rose des Vosges comme la Cathédrale de Strasbourg, elle a été construite peu après la première guerre mondiale, pour remplacer la chapelle du XV° siècle détruite par les bombardements et en mémoire des victimes de la bataille de Metzeral qui eut pour triste décor cette belle vallée.
Ce qui nous frappe en entrant c’est l’autel éblouissant en marbre blanc de Carrare. Nous admirons les statues sculptées dans le bois, les vitraux colorés et l’orgue imposant, entièrement mécanique et tout en bois dont l’organiste, en pleine répétition, nous délivre les secrets.
Quand les cloches sonnent les douze coups de midi nous reprenons la voiture pour monter sur les hauteurs de Sondernach où nous retrouvons la neige, que nous ne pensions plus revoir cette année depuis notre retour de Scandinavie. Après quelques kilomètres de route en lacets et un chemin de terre enneigé à travers la forêt, nous voici à la Ferme Auberge de Sondernach Ried.
Le paysage qui entoure la ferme, la vallée verdoyante et les collines couvertes de neige, les canards, les oies et le chant du coq rendent le tableau idyllique. Dans la ferme, la décoration est rustique et dans la plus pure tradition alsacienne, comme la stube, le fourneau en céramique autour duquel nous nous réchauffons.
Au menu, entièrement bio en plus d’être local, une soupe de légumes et ses croûtons, avec du pain maison. Les fermes auberges proposent généralement un menu unique, goûté par Map et composé de bouchées à la reine accompagnés de nüdla, des nouilles fraîches alsaciennes. Mais ici on propose aussi une alternative végétarienne, pour le plus grand plaisir de Fork: un steak de pois chiches sur un pain perdu salé avec pour sauce du bibeleskas, un fromage frais à l’ail, à l’échalote et à la ciboulette. L’accompagnement est composé de knepfle, un autre type de pâtes fraîches alsaciennes, sautés à la poêle avec une julienne de légumes et une salade de pois chiches.
Les ingrédients sont simples, savoureux, authentiques et les portions abondantes, tellement que nous renonçons au fromage, mais nous nous rattraperons dans l’après-midi. Nous terminons donc ce repas en beauté avec un crémeux du Ried, une mousse légère au citron sur un fond de tarte, et une tisane aux fleurs multicolores récoltées dans la vallée et séchées à la ferme.
Après tant de bonnes choses, un peu d’activité s’impose, surtout par une journée aussi ensoleillée. Nous descendons en contrebas, 10 km plus au nord en traversant forêts et paysages vallonnés et arrivons à Munster où nous rencontrons Elisabeth, Munstérienne DOC, qui nous fait découvrir sa ville.
Nous sommes accueillis par le bruit très particulier du claquement de bec des cigognes qui volent d’un toit à l’autre. Nous suivons les conseils de notre guide et prenons garde à ne pas passer sous leurs énormes nids, vu le risque de chute de branches, signalé d’ailleurs par divers panneaux.
Les murs de l’abbaye encore debout témoignent du passé de la ville, construite par les moines qui s’y installèrent vers l’an 600 et y construisirent un Monastère (d’où le nom de la ville).
Sur la place du marché se dresse l’église protestante, en grès rose elle aussi, qui a été construite fin XIX° sous l’impulsion de la famille Hartmann – de riches industriels munstériens – pour offrir un lieu de culte aux protestants. Sur cette même place se trouve une fontaine surmontée d’un lion. On raconte qu’autrefois, quand les habitants avaient un problème avec les moines, ils tournaient la statue du lion de sorte qu’il montre ses fesses à l’abbaye et selon la légende, l’abbé manquait cruellement de sens de l’humour.
Notre greeter nous raconte que les Hartmann qui détenaient l’usine textile, alors florissante, ont contribué au développement de la ville en construisant des logement pour les ouvriers, des bains publics (car à l’époque tous ne pouvaient se permettre d’avoir une salle de bains à la maison) et même le parc doit son nom – et son existence – à la famille d’industriels. Les habitants comme les touristes aiment flâner à l’ombre d’arbres séculaires comme l’imposant Ginkgo Biloba ramené d’un voyage au pays du soleil levant, ou entre les statues représentant Sphinx et Griffons, qui ont appartenu à un espion de Napoléon.
Nous quittons cette oasis verte au cœur de Munster pour nous rendre à Gunsbach, à quelques centaines de mètres de là, où nous visitons la Maison du fromage, dont l’invité d’honneur est sans aucun doute le Munster. Nous sommes guidés par un itinéraire à travers les différentes étapes de production de ce fromage au goût et à l’odeur uniques. Nous assistons à la démonstration, qui présente les différentes étapes de fabrication du fromage, à l’aide d’instruments traditionnels en bois. La démonstration s’achève par une dégustation du Siaskas, le fromage frais tout juste préparé et arrosé de kirsch.
Nous pouvons observer les différentes formes et couleurs que prend le fromage en fonction de son affinage, de 21 jours au minimum, et concluons la visite à l’extérieur, où nous retrouvons les vaches vosgiennes, reconnaissables à leur bande blanche sur le dos et sans qui le fromage de Munster n’existerait pas.
La journée s’achève au Tulipier, une chambre d’hôtes traditionnelle et chaleureuse au cœur de Munster, où après une nuit régénérante nous attendent les confitures maison de notre hôtesse, de quoi reprendre de l’énergie pour nous remettre en route et quitter cette vallée, où nous reviendrons certainement pour découvrir d’autres trésors.
un simple j'aime.
Laisser un commentaire