Vacances à la ferme au Tyrol italien, entre asperges et pommiers en fleurs
Nous arrivons à la gare de Bolzano depuis Strasbourg après une journée de voyage et en à peine une demie heure nous sommes déjà à Gargazzone, en plein cœur du Tyrol italien*, où nous sommes accueillis par des milliers de pommiers en fleurs à perte de vue.
*Alto Adige/Sud Tirol* (la région est en majorité germanophone car elle était autrichienne jusqu’à la première guerre mondiale. Elle est aujourd’hui bilingue et biculturelle).
Une fois posés les bagages nous réalisons qu’il est déjà l’heure de dîner et cherchons dans les environs de notre « Maso » (ferme/agritourisme typique de cette région) un endroit pour manger et le trouvons chez Theiner’s Garten Bio Vital avec un menu riche en produits biologiques et locaux.
Nous nous réveillons le lendemain et nos sens sont en extase, sollicités par la nature environnante, les pommiers en fleurs qui, petit à petit s’éclairent sous le soleil et les montagnes imposantes qui nous entourent. Après un délicieux petit-déjeuner à base de produits du jardin comme les confitures faites maison et un bon jus de pomme frais, nous sommes prêts à découvrir la vallée de l’Adige à vélo. Le soleil qui rayonne et le ciel sans nuages nous motivent à pédaler et la piste cyclable le long du fleuve Adige se laisse parcourir sans difficultés nous faisant profiter des paysages et de ce parfum fleuri de printemps. Nous traversons là la plus grande zone cultivée en arbres fruitiers d’Europe qui donne une variété de 16 pommes différentes.
Nous pédalons dans cette mer de fleurs blanches sur lesquelles les maraîchers vaporisent de l’eau afin qu’en cas de gelée nocturne la glace conserve la fleur et donc la future récolte.
Nous nous dirigeons vers le sud en direction de Bolzano, longeant les villages de Vilpiano et Terlano et après 10 kilomètres nous quittons la piste cyclable et traversons la voie ferrée pour entrer dans le village de Settequerce. Nous garons nos vélos et faisons halte chez Patauner, une auberge typique du Tyrol italien à gestion familiale qui propose à ses hôtes des plats traditionnels de la région et une atmosphère décontractée, comme en témoignent nos voisins de table qui se mettant à jouer aux cartes.
Une fois le repas terminé nous enfourchons nos vélos et reprenons la route dans le sens inverse en croisant des centaines d’autres cyclistes de tous âges, familles avec enfants, couples et sportifs (et même des mamies plus rapides que nous).
Une fois les vélos garés, nous poursuivons notre itinéraire en direction de Merano et peu avant d’arriver notre curiosité est attirée par le grouillement de milliers d’abeilles autour de leurs ruches installées en pleine nature, dans la commune de Marengo.
Ici nous rencontrons Georg de la ferme Platterhof, qui vit près de ses ruches, entourées par une nature luxuriante entre vignobles, pommiers, palmiers et oliviers, qui poussent aisément grâce au climat doux de cette vallée mais que l’on ne s’attendait pas à trouver dans la région la plus au nord de l’Italie. Parmi les miels produits par Georg et ses abeilles, le miellat et le miel de toutes fleurs de montagne. Depuis 1992 le miel de Georg fait partie des produits de qualité de la région Alto Adige, qui imposent des cahiers des charges exigeants et des dégustations à l’aveugle.
Après avoir quitté les abeilles en quelques minutes nous arrivons à Merano, deuxième ville du Tyrol du Sud par nombre d’habitants après Bolzano, qui nous surprend immédiatement par la végétation omniprésente dans la ville et l’architecture originale comme celle de la Via Portici (rue des arcades) avec ses maisons aux fenêtres arquées (Oriels). La ville a toujours été très appréciée, d’abord par les Comtes du Tyrol qui l’avaient choisi comme résidence principale, puis vers la moitié du XIXème siècle elle devint une destination thermale internationalement connue au point de compter parmi ses visiteurs l’Impératrice Elisabeth d’Autriche (mais si, vous la connaissez, c’est Sissi) qui appréciait son climat particulièrement doux.
Nous passons devant la Cathédrale et son clocher haut de 83 mètres qui symbolise la vieille ville et poursuivons vers le Passirio, rivière qui traverse la ville avant de se jeter dans l’Adige. L’endroit est prisé par les habitants et les touristes qui, profitant comme nous du soleil et de la température très agréable pour un début de printemps, remplissent les terrasses des cafés pour bronzer et les berges du fleuve, où les enfants s’amusent à jouer les pieds dans l’eau.
Les montagnes encore en partie enneigées à l’horizon complètent la carte postale et contrastent avec l’atmosphère printanière et relaxée en résumant au mieux la quintessence de cette région. Nous flânons le long de la promenade qui longe le fleuve, appelée promenade d’été puis, traversons le pont et passons du côté de la promenade d’hiver, longeant la Kurhaus, parfait exemple de style architecturale Liberty du siècle dernier. A l’heure du dîner nous nous arrêtons chez Sigmund, juste à côté de la « Porte de Bolzano » l’ancienne entrée dans la vieille ville, qui offrent un large choix de produits locaux.
Notre escapade au Tyrol italien continue le lendemain entre les vignobles d’Appiano sur la route du vin, une randonnée tranquille entre les collines verdoyantes derrière lesquelles apparaissent châteaux et forteresses (c’est d’ailleurs un des châteaux, le Tyrol, qui a donné son nom à la région) et là aussi on trouve des fermes de vacances tyroliennes qui proposent chambres, vue et produits faits maison, comme le Weingut Stuck.
Vers midi, nous remontons le Val d’Adige vers le nord et une fois dans le village de Scena, nous empruntons une route de montagne qui termine devant le Zmailer-Hof, ferme auberge de campagne avec un Coq Rouge (Gallo Rosso) bien en évidence à l’entrée. Le soleil nous accompagne et nous en profitons sans modération sur la terrasse en profitant de la vue magnifique sur toute la vallée et les montagnes en sirotant un jus de sureau fait maison.
Au menu uniquement des produits locaux et préparés sur place dont le speck, les fromages, les soupes, les knödel (canederli) aux orties ou au fromage, le Kaiserschmarrn (omelette sucrée coupés en morceaux), le strudel ou les krapfen. 30% des produits au minimum viennent de la ferme et 80% des fermes voisines. La ferme propose des jus de fruits maison, des qui œufs proviennent d’élevages en plein air de la région. Et, comme tous les Hof-schank (fermes de montagne) du Coq Rouge, la viande provient des animaux de la ferme.
Le soleil, la cuisine maison et l’atmosphère de montagne nous donnent l’énergie et la motivation pour repartir en balade et découvrir un autre produit très connu ici, l’asperge. Pour en découvrir les secrets, le mieux c’est de s’arrêter dans le « triangle des asperges« , entre Terlano, Vilpiano et Settequerce où les champs d’asperges jouent à cache cache entre les champs de pommiers.
A côté de la Cave de Terlano, il est possible d’en acheter directement aux producteurs, en choisissant parmi de nombreuses variétés. Ici, Alexandre nous montre toutes les phases de la culture et collecte de l’asperge Margarete (du nom de la comtesse du Tyrol qui habitait là) et il nous dévoile tous les secret de cet aliment exquis, dont les romains connaissent appréciaient déjà ses vertus médicinales. Dans les sols sableux de cette zone, l’Asparagus officinalis trouve son milieux idéal plus faire le plein de vitamines, minéraux et fibres.
Tous ces asperges nous donnent faim, nous mettons ainsi à la recherche d’un « RistoAsparago », un restaurant spécialisé dans la préparation de plats à base d’asperges et trouvons notre bonheur chez Sparerhof, ou nous pouvons déguster les Margarete avec un risotto aux graines de chanvre (la recette c’est par ici) et en apprécier la saveur et la fraîcheur parmi une sélection de propositions plus alléchantes les unes que les autres (carpaccio d’asperges sur tartare de saumon, sauce gravlax et baies roses; asperges crues et carpaccio de bœuf local à la roquette, citron et copeaux de parmesan; joue de bœuf braisée au vin rouge) pour tous les palais. Pour accompagner le tout, le « vin des asperges » est sans aucun doute le Sauvignon de Terlano, fruité et robuste qui s’associe à merveille avec ce légume.
Pour les amateurs d’asperges: Entre Avril et Mai on peut participer à une aventure hors du commun, un voyage en carrosse parmi les ruelles des villages et les champs d’asperges jusqu’à la table pour découvrir tous les secrets de ce mets. Et si vous préférez le vélo comme moyen de locomotion, le lundi de pentecôte une balade à vélo avec des haltes gourmandes a lieu le long de la piste cyclables.
Où dormir: Sandwiesen-Hof, une ferme moderne et éco-compatible en plein milieu de la nature qui offre des produits du jardin comme les pommes, le cidre ou le crémant de pommes.
Qu’est ce que un Maso?
Une ferme pour des vacances relax et un tourisme différent. En Alto Adige / Sud Tirol on compte environ 2.000 petites exploitations agricoles familiales où les hôtes se sentent comme chez eux. Les fermes du « Gallo Rosso » (Coq Rouge) ont la particularité d’offrir aux clients leur production, une filière on ne peut plus courte, comme les fruits, le fromage, le pain ou les œufs, tous soumis à des contrôles de qualité stricts et qui donnent une touche d’authenticité en plus aux vacances.
L’association Gallo Rosso est née en 1999 grâce à une union des agriculteurs de l’Alto Adige / Sud Tyrol ayant pour but de rapprocher les touristes au monde agricole et soutenir ces exploitations qui symbolisent tradition et authenticité. Les fermes se partagent en agritourismes, fermes auberges, produits gastronomiques et artisans fermiers.
Prochaine étape: le Tyrol autrichien!
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