Long week-end en Anjou entre surprises et gourmandises
On ne cesse de le dire et de le répéter ces derniers mois : la France est un beau pays qui regorge de trésors, il y a tellement de choses à voir, de régions à découvrir ! Et comme on a la bougeotte, chaque prétexte est bon pour découvrir une nouvelle région. Cette fois on est partis à la découverte de l’Anjou, une région bien surprenante.
Depuis Strasbourg il y a des TGV directs jusqu’à Angers. On est donc partis samedi matin, pendant que la ville dormait encore, pour arriver à Angers à l’heure de l’apéro. Après avoir déposé nos bagages à l’hôtel, juste en face de la gare, nous nous baladons sur le marché pour nous faire une idée de la gastronomie angevine.
Nous profitons de la proximité de l’océan pour fêter notre arrivée avec deux huîtres bien fraîches, puis notre tour du marché continue par un stand de charcutiers qui propose des rillauds (spécialité locale de poitrine de porc aux aromates) et se termine avec des douceurs locales. Nous poursuivons la balade par la rue des Lices (ou délices) où nous sommes attirés par les vitrines des chocolatiers et leurs fameux Quernons d’ardoise, des nougatines enrobées de chocolat bleu, pour rappeler l’ardoise omniprésente dans l’architecture locale.
Tout cela donne très envie mais nous ne pouvons nous nourrir exclusivement de chocolat. Nous nous arrêtons dans un petit restaurant qui propose un menu simple mais bon, qui varie en fonction des saisons. On a aimé autant le poisson que les lasagnes à la courge mais ce qui nous a vraiment plu c’est que les produits sont ultra frais et que le restaurant affiche les noms des paysans locaux (et bio) chez qui il se fournit.
Nous poursuivons ensuite notre visite qui nous emmène au bout du monde… Ou plutôt sur la Promenade du bout du monde, devant l’imposant Château d’Angers. Un véritable mastodonte, dont les dix-sept tours énormes semblent vouloir signifier la force et la puissance des ducs d’Anjou (qui se sont emparés entre autres du trône de Naples et de Sicile). Une fois passé le pont levis, nous flânons dans les jardins à la française, traversons la chapelle et allons voir les Tentures de l’Apocalypse. On s’attendait à une tapisserie comme il y en a dans beaucoup de châteaux mais celle-ci nous a impressionnés par sa taille : avec ses 800m² elle recouvre les murs d’une pièce qui semble ne jamais finir.
Nous flânons encore un peu dans les rues d’Angers et restons admiratifs devant la Cathédrale St Maurice d’Angers, d’une blancheur immaculée avec sa jolie montée colorée qui la met en valeur, mais aussi devant les maisons à colombages comme la maison d’Adam et ses poutres joliment sculptées
Nous faisons un crochet par la Maison bleue, un édifice entièrement recouvert de mosaïques bleues et dorées dont les derniers étages scintillent sous les reflets du soleil. Puis nous visitons la galerie David d’Angers, un autre lieu où le soleil donne vie aux œuvres exposées.
En fin d’après-midi nous rentrons nous reposer un peu et faisons un saut à l’agence de location de voitures à côté de la gare pour récupérer un moyen de transport pour le lendemain.
Nous ressortons la nuit tombée pour dîner, Autour d’un Cep, dans un petit restaurant qui fait de la grande cuisine à prix raisonnables. Ici aussi les légumes de saison sont de mise et rien que de repenser à leur merlu en kadaïf on en a l’eau à la bouche.
Les villages le long de la Maine et de la Loire:
Deuxième jour en Anjou : nous quittons Angers pour explorer les villages alentours en commençant par Béhuard.
Ce tout petit village, situé sur une île de la Loire est régulièrement inondé du fait de sa position. La visite est assez rapide car le village est minuscule, mais il vaut le détour pour ses jolies ruelles et surtout son sanctuaire dédié à la Vierge.
Nous continuons notre route en direction de Bouchemaine mais à notre arrivée la pluie battante nous décourage de visiter le village. Nous courons nous abriter dans le bien nommé abri des bateliers et en entrant nous voyons un panneau « vous êtes au bon endroit ». Nous prenons ça comme un signe et nous installons pour nous réchauffer avec une friture et une choucroute toutes deux de poissons. Pendant le repas les vitres de l’estaminet se couvrent de buée et par chance après le café la pluie s’arrête de tomber, comme par magie.
Nous nous promenons donc sur le bord de la Maine et dans le village avant de poursuivre en direction de Savennières. Le point commun de ces 3 villages? De jolies églises et des rues fleuries et pleines de charme. Nous ne nous attardons pas plus car nous avons prévu de visiter le château de Brissac et nous ne voudrions pas rater la dernière visite guidée.
Nous arrivons plus tard que prévu mais parvenons tout de même à intégrer la visite, qui a déjà commencé. Nous passons de salle en salle dans cet immense château en écoutant, amusés, les anecdotes du guide sur les ducs et duchesses qui l’habitèrent. Mais ce qui nous surprend le plus c’est sans doute d’apprendre que le Géant du Val de Loire est toujours habité à l’heure actuelle par les ducs de Brissac.
Une fois la visite terminée, nous profitons quelques minutes du calme du parc avant de nous en aller. Avant de nous diriger vers le lieu où l’on passera la nuit, nous nous amusons d’abord à jouer les Don Quichotte: nous explorons les environs à la recherche des moulins à vent. Nous admirons depuis les hauteurs le coucher de soleil sur la vallée embrumée puis prenons la direction de Rochemenier.
18 heures sous terre:
Arrivés à Rochemenier nous voyons un panneau indiquant l’hôtel où nous avons prévu de passer la nuit et un petit parking, mais pas d’hôtel pour une raison simple: celui-ci se trouve sous nos pieds. Dans ce village on creuse des galeries souterraines dans le tuffeau depuis des siècles. Elles ont servi de « frigo » au départ, puis les paysans sans terre qui n’avaient aucun endroit où construire une maison ont creusé des galeries pour y habiter. Ce n’est quel quand le confort moderne est arrivé que les habitants sont remontés à la surface pour y vivre.
Mais un irréductible, passionné par cette spécificité locale, a continué à creusé pour ouvrir un restaurant troglodyte. Quelques années plus tard, c’est son petit-fils, tout aussi passionné, qui nous accueille et nous donne les clés de cette chambre très atypique. Bilan de la nuit: la pierre étant un excellent isolant, on a l’impression d’être totalement isolé du monde et on dort très bien. Après un petit déjeuner, toujours sous terre, nous poursuivons notre visite dans le Saumurois.La matinée se poursuit dans les nombreuses galeries souterraines de la région avec une visite de la Cave aux Moines. Le site est à la fois un restaurant, une champignonnière et une discothèque, autant vous dire qu’il est immense! Nous visitons donc de longues galeries où nous découvrons comment le tuffeau était exploité jusque dans les années 60 puis nous découvrons une salle dédiée à la reproduction des escargots où des centaines de gastéropodes se fécondent gaiement pendant des heures (on a appris des tas de trucs sympas d’ailleurs). La visite s’achève par la champignonnière, où poussent des quantités impressionnantes de champignons de Paris, de shiitakés et pleurotes pour les besoins du restaurant.
Nous faisons quelques kilomètres et arrivons à Saumur où depuis 1884 et l’ambition d’une femme connue aujourd’hui sous le nom de Veuve Amiot, on produit du crémant et autres vins mousseux. Nous visitons le site et découvrons l’histoire de la maison ainsi que tout un processus qui transforme un vin simple en mousseux. Toute la production et le stockage se font en cave, encore une fois dans une immense galerie creusée dans le tuffeau.
Nous restons dans une grotte creusée par l’homme pour goûter, à quelques mètres de là, des spécialités locales nommées fouées. Ce sont des petits pains cuits au four à bois, un peu comme une pâte à pizza. Ils accompagnent les champignons farcis, rillauds ou encore escargots. Au menu de la Table des fouées il y a aussi le Crémet d’Anjou, un dessert que l’on nous avait conseillé de goûter. On a donc profité de l’occasion pour savourer ce dessert très gourmand à mi-chemin entre le fromage blanc et la crème chantilly.
Après une matinée de visites souterraines, ce qui était une bonne option car le temps était maussade et nous avons ainsi évité la bruine, la météo est plus clémente et nous en profitons pour prendre l’air, et le large. A Montsoreau, nous embarquons sur un bateau et larguons les amarres pour une douce balade sur la Loire, où se reflètent les couleurs chatoyantes de l’automne pendant que nous observons l’envol des cormorans.
La visite aurait pu être œnologique ou gastronomique si nous ne sortions pas tout juste de table car Denis, capitaine et fondateur de Loire Vins Aventures, est avant tout vigneron, le bateau c’est sa deuxième passion.
Le niveau de l’eau est très bas par endroits mais notre capitaine scrute le fond avec attention et nous ramène finalement à bon port (de toute façon on aurait pu passer la nuit sur le bateau, il y a un grand lit, une cuisine: tout ce qu’il faut!)
Nous rejoignons donc notre dernière destination de la journée à quelques kilomètres de là. Nous arrivons devant le grand portail de l’Abbaye de Fontevraud, pas certains d’être au bon endroit car on ne la voit pas de la route. Mais quand nous entrons c’est un domaine immense qui s’ouvre à nous.
Nous visitons ce lieu atypique, fondé par Robert d’Arbrissel, qui fut la seule abbaye mixte dirigée par une femme avant de devenir le lieu de sépulture choisi par la famille royale de Plantagenêt, puis l’une des prisons les plus dures du pays.
Outre la beauté du bâtiment, à cette heure de la journée nous apprécions tout particulièrement le côté ludique de la visite. L’abbaye étant immense, la visite serait longue sans les petits films d’animation, la maquette mécanique de l’abbaye et ses manivelles, l’écran pour dessiner et projeter son oeuvre sur le mur de pierre, le circuit et les petites voitures pour rejouer l’histoire trépidante des évadés de la prison etc etc. (Bon, la voiture c’était vraiment pour les enfants, on n’est pas rentrés dedans, mais pour le reste… on est des grands enfants)
Fin de la journée, le repos du guerrier (du touriste? vous êtes sûrs? soit…) nous nous rendons dans le bar de l’abbaye, l’iBar. le nom nous a un peu intrigués mais on a vite compris pourquoi. La table digitale propose des jeux, des quiz sur la région et l’abbaye, de quoi patienter en attendant d’être servis. Le repas s’est fini avec une infusion et une longue partie d’échecs. Puis on est tombés échecs et mat dans le lit bien douillet.
Dernier jour en Anjou: les produits locaux
Le jour se lève à peine quand nous nous levons et nous prenons notre petit-déjeuner avec vue sur le cloître avant de quitter l’abbaye. Non loin de là, nous entrons dans le Domaine de Mestré pour visiter une des rares savonneries artisanales à notre époque. Dans cette entreprise familiale on fabrique et découpe des savons avant de les faire longuement sécher. Les avantages de ces savons artisanaux c’est qu’ils sont uniques, les couleurs et zébrures peuvent varier, les formes aussi et la liste des ingrédients est simple et compréhensible (ce qui est rare de nos jours). Mais ce qui a fait la renommée de Martin de Candre c’est le savon à raser pour les hipsters et autres inconditionnels du rasage à l’ancienne.
Nous retournons à Saumur pour déjeuner, flâner dans les ruelles du centre, sur la place de l’église et le long de la Loire.
Avant de retourner à Angers, nous nous arrêtons à Saint Barthélémy d’Anjou pour visiter la distillerie où l’on produit la totalité du Cointreau vendu dans le monde.
On connaissait cette bouteille, que l’on retrouve dans tous les bars, mais sans savoir qu’il était produit en Anjou à partir d’écorces d’oranges, ni qu’il était tellement célèbre qu’il a été aussi contrefait que les sacs Vuitton. Une visite instructive donc à travers la distillerie, une exposition et l’usine d’embouteillage, sous les effluves d’orange, avant de retourner à la gare d’Angers et prendre notre train de retour.
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L’Anjou en images:
un simple j'aime.
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